⊱ Je t'aime bien. Si tu veux, tu peux porter mon sac.

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FINNICK VASSILIEV

❝ the best way to make your dreams come true is to wake up. ❞

21 ans ∞ 13 septembre à Omsk ∞ étudiant en droit ∞ riverdale

quelques petites informations:

Je m'élançais sur un terrain inconnu. Ce long couloir. Jamais je n'avais franchi le bout. On m'avait toujours arrêté dans mon ascension. Parfois, ma mère me prenait dans les bras et m'emmenait le plus loin possible. Puis, elle m'assénait d'une tape sur la nuque tout en me répétant qu'il m'étais interdit de pénétrer dans le couloir. La plupart du temps, c'est ma nourrice qui me prenait en flagrant délit. Elle était bien plus douce. Elle me ramenais dans ma grande chambre et me murmurait à l'oreille qu'il fallait que j'obéisse à mes parents. Lorsqu'elle me repêchait, je ne m'aventurais pas dans le couloir la semaine suivante. Mais la curiosité me brûlait la cervelle et les veines. La porte était là, presque à portée de ma main et je ne devais pas l'atteindre. L'interdit me torturait. Je ne pouvais y résister. Ce matin, la même sensation réapparaissait après maintes semaines. Il m'avait fallu croiser ce couloir d'un blanc immaculé pour que le désir d'en fouler le sol m'embrase. Je m'avançais avec prudence, guettant le moindre mouvement derrière mon dos. Cette fois, oui, cette fois, je ne ferais pas prendre. J'allais gagner cette manche. J'allais enfin découvrir ce qui se cachait derrière cette malheureuse porte. Je m'approchai de plus en plus. Mon cœur battait la chamade tellement l'émotion était grande. Enfin... plus que quelques pas... j'y étais! J'étouffais un cri de victoire, les mains violemment collées contre ma bouche. Ma réaction me fit sourire et je pouffais discrètement. Mais mon amusement s'effaça rapidement lorsque mon attention se reporta sur la porte. Qu'est-ce que mon père pouvait bien cacher là-dedans ? Un trésor ? Un secret ? Toutes ses questions enfantines me mirent l'eau à la bouche. Comme je n'osais pas ouvrir le loquet, je collai une oreille contre le bois glacial. Un moment, je crus étouffer sous le silence apparent qui émanait du couloir. Cependant, après quelques secondes de concentration, j'entendis des éclats de voix. Oui, il y avait quelqu'un dans la pièce! Ma curiosité n'en fut plus qu'immense. Des voix d'hommes. Ils discutaient tranquillement. Malheureusement, leur paroles n'arrivaient pas saines et sauves jusqu'à mes oreilles. Je fronçais les sourcils en signe de mécontentement et fit une moue vexée. Je détestais les secrets. C'était maintenant officiel. Je me grattai distraitement le cuir chevelu et fixai la serrure. Réfléchi. Réfléchi. La serrure! Tout excité, je me collais à nouveau au bois. Le froid se répandit sur mon front et mes temps. Je frissonnai et tremblai en même temps. L'adrénaline me montait au visage. Je plissai des yeux et regardai à travers la serrure. La pièce était décorée avec luxure et bon goût. Enfin, le goût de mon père. Rien d'étonnant pour l'instant. Je restais perplexe. Pourquoi m'interdire cette pièce ? Elle ressemblait aux autres de la villa. Je haussais les sourcils. Mais mon regard fut attiré par la silhouette d'un homme. Mon paternel. C'était bizarre de le voir à cette heure de la journée. Il ne manifestait sa présence que le soir, au dîner. Sinon, le matin et la journée entière, il s'enfermait dans cet espèce de bureau. Et de temps en temps, il partait en voyage. Je ne le voyais donc que très rarement. J'en était même venu à me poser cette question : mais qu'est-ce donc un père ? Pareil pour ma mère. Certes, elle était beaucoup plus présente, mais ne me manifestait pas plus d'attention. Tout son amour semblait s'accrocher à ma grande soeur. Cette dernière, je la détestais. Ne me demandez pas d'argumenter, je la déteste tout naturellement. Plongé dans mes pensées, l'arme qui jaillit des mains du deuxième homme me mit la mouche au nez. Mes lèvres se décollèrent l'une de l'autre pour laisser exprimer ma surprise et mon admiration. C'était un certain Matthys qui venait de dégainer le revolver. Un instant, j'ai cru qu'il allait tirer sur mon père! Mais non, il montra l'arme et la rangea aussitôt. C'était très bizarre comme scène. Par la suite, je me suis posé tout plein de questions. Qui était réellement mon père ?

« Pourquoi vous êtes là déjà ? » Je n'essayais pas d'adoucir mon ton. Si j'étais insolent tel que mon père me l'avait dit, j'allais l'être du début jusqu'à la fin. La colère n'avait pas encore quitté mon corps. Ma mâchoire était toujours aussi crispée et mes poings toujours aussi serrés. J'avais l'impression de brûler de l'intérieur tellement j'étais révulsé et révolté. Je savais que le temps ne soignerait pas mes blessures. Je le savais parce que je voulais tout oublier, mais je ne le pouvais pas. Mon subconscient me ressassait la scène en boucle. Mon père me reniant, ma mère refusant de me voir, ma sœur me regardant avec un air détaché, presque mauvais. C'est drôle... J'avais fait une grosse connerie et, directement, toute l'attention de la famille se portait sur ma petite personne. Au moins une fois dans ma misérable vie, j'avais réussi à me faire voir, à attirer les regards sur moi. Et puis, j'étais devenu poussière à nouveau au sein de la famille Vassiliev. On ne parlait plus de moi. On a même enlevé les quelques photographies des étagères poussiéreuses. Dès le lendemain, on préparait mes valises. Je partais pour le Canada, Toronto. Le billet reposait dans la poche de ma veste sur-mesure. En réalité, on ne coupait pas totalement les ponts avec moi. Mon père m'enverrait de l'argent, je serais bien nourri et bien logé. Et puis il avait cet homme. Il s'était pointé devant l'aéroport très tôt ce matin et il avait patiemment attendu mon convoi. Il s'était même chargé de donner des directives au personnel à la seconde où j'avais posé mes pieds sur le bitume. Tout était en ordre. Je n'avais plus qu'à poser mon cul dans l'avion.
Je haussais un sourcil en posant ma question. Qui était ce mec ? Mon père l'avait-il envoyé ? Il n'aurait pas du se donner cette peine. Le fait qu'il veuille m'espionner et me garder en laisse m'énerva de plus bel. Je tapais nerveusement du pied. « Mon père vous envoie, n'est-ce pas ? » Le visage de l'homme ne transparaissait aucune émotion. Il semblait être construit de fer et de pierre. « Oui. » Je plissais des yeux. J'attendais une réponse plus précise. Mais, apparemment, il n'en avait aucune intention. J'étais quoi pour lui ? Un mec sans importance ? Un mec sans valeur ? Mon père avait du lui ordonner de ne pas m'adresser la parole. Cette idée froissa littéralement mon cœur. Ainsi, j'étais seul sur cette maudite planète ? Personne ne me témoignerait une quelconque affection ? Pas même un inconnu qui allait me coller les basques toute ma vie ? Je me sentais encore plus misérable que jamais. Moi qui croyais que le Canada serait un nouveau départ, je m'étais trompé. La vie, là-bas, ressemblerait à celle passer ici, en Russie. « Alors vous êtes mon chien de garde. Intéressant. » J'étais méchant. Je voulais l'être. Après tout, je n'avais à me soucier de personne. J'étais libre comme le vent. Je pourrais enchainer conneries sur conneries qu'on s'en foutrait. Je lançai un regard mesquin à l'homme. Il ne broncha pas. « Allez me chercher un paquet de m&ms. » Je le testais. « J'vais chercher ça sale gosse. » Nos yeux se croisèrent et je remarquai une lueur défiante illuminée ses iris. J'en frissonnais.

Tout tourne autour de moi. Tout se trouble et j'ai l'impression de tomber au moindre pas. J'en viens même à m'enfoncer dans un canapé. Je ne peux plus marcher. Je suis coincé ici pour l'éternité. J'essaye de prononcer un mot, mais rien ne sort. Je tente de crier, mais aucun son ne parvient à mes oreilles. Mon cœur s'accélèrent dans un tressautement inquiétant. J'ai envie qu'on m'entende, qu'on me voit. J'ai envie de partir de cet endroit bizarre. Je peste contre moi-même. Je n'aurais jamais du déjouer l'attention de Phoenyx. Je n'aurais jamais du prendre ce rail de coke. Ça me détruit... lentement. La prochaine étape, je le connais. Je n'entendrais plus rien. Les voix se feront échos. Je halète. Je panique. Pourtant, j'aime ça. Je recommence à prendre cette poudre qui me fait sombrer dans un état second. J'aime ça parce que je ne suis plus rien. Le monde s'efface et je ne souffre plus. J'oublie qu'on m'a renié, qu'on me déteste, qu'on se fiche de moi. J'oublie que je suis un minable. Ça fait du bien de ne plus porter ce fardeau sur les épaules. J'me sens libre. Et puis, une heure après, j'me sens comme piégé. Je ne suis pas accro, mais ça ne saurait tardé. Après tout, tout le monde s'en moque. Ce n'est pas comme si j'ai des parents qui s'en inquiètent, que j'ai des amis qui me sortent de cette merde. Non, je suis seul. Encore et depuis toujours. Je m'accroche désespérément aux accoudoirs du canapé rouge. Putain, je ne sais même pas où je me trouve. Dans un pub ? Une boîte de nuit ? Une maison close ? Impossible de savoir. Si la mémoire me revient, j’appellerai Phoenyx. Pour le moment, je devais me débrouiller tout seul. Vous vous direz que j'ai l'habitude, mais pas du tout. J'ai tout eu. L'argent, le matériel, les études. On m'a toujours mis tout sous le nez. Ce qu'il me manque depuis ma tendre enfance, c'est de l'affection. Je ne demande pas beaucoup. Juste un chouillas d'affection. « Pardon. excusez-moi. Vous n'aurez pas vu un jeune homme, brun aux cheveux longs, bien bâtis, l'air perdu ? » Cette voix... je la reconnaitrais parmi cent autres. Phoenyx. J'essaye d'ouvrir la bouche. Ma langue pâteuse refuse de bouger. Merde. Phoenix est là, j'ai besoin de lui. J'ai besoin de son aide. Je tente désespérément de lever une main. Sans résultat. « Il est juste derrière vous. » Je bénis la serveuse. Si j'avais été valide, je l'aurais sûrement embrassé. Dieu merci. Phoenix peut me ramener à la maison maintenant. « Finnick. » Un blanc. Je sais ce qu'il signifie après tout ce temps passé en sa compagnie. Mais qu'est-ce que tu fous bon sang ?! Sa voix percute mes oreilles. Je réussis à lui murmurer. « Phoenyx. » Une imploration. Il me sourie et je sens ses bras puissant me soulever. Et puis, je ne sais par quel miracle, ma tête vient reposer sur son épaule musclée. Je sens son myocarde battre et j'essaye de contrôler le mien. Ses mains m'entourent, protecteurs. Je suis en sécurité. La panique s'envole et un doux halo m'enveloppe. Je ne fais plus attention à rien jusqu'à ce que je me sente tomber sur le dossier d'une voiture. Je grogne et rouvre les yeux. Phoenyx s'enfonce dans l'engin métallique. Je le laisse s'occuper de moi. J'ai l'habitude. Ma tête repose sur ses genoux. Le remoud et la dope me donne envie de vomir. Je sue. Je gémis. « J'ai froid. » Une main chaude vient toucher mon front et mes tempes. Phoenyx essuie les gouttes d'eau qui me pique la peau. Ses gestes sont précis et doux. Ses doigts me rassurent. Ils vont même caresser mes cheveux, puis redescendent vers mon visage et frôle avec tendresse ma joue. Je frissonne de plaisir. La chaleur m'envahit. C'est donc ça l'affection ? J'en deviendrais addict.